Le Conseil d’Etat vient d'autoriser, le 9 novembre 2016, l’installation des crèches de Noël dans les mairies et autres
bâtiments ou espaces publics. Certes cela devrait se faire sous conditions, mais le caractère alambiqué de celles-ci peut déjà laisser entrevoir de futurs contentieux. Ci-dessous mon article
publié le 26 octobre 2016 sur Aixlesbains-lejournal.fr par lequel je présentais ce qui me paraît être la véritable et dangereuse motivation du Conseil d'Etat. :http://www.aixlesbains-lejournal.fr/article/20161026-254-conseil-etat-va-il-perdre-republique-creches-noel.html
Le Conseil d’Etat va-t-il perdre la République dans les crèches de Noël ?
Le rapporteur du Conseil d’Etat voudrait autoriser l’installation des crèches de Noël dans les mairies et autres bâtiments ou espaces publics.
Allons droit au but ! Le rapporteur du Conseil d’Etat voudrait-il, par ce biais, réintroduire le
religieux au sein du domaine public afin de permettre à l’islam de, finalement, imposer aussi sa loi dans l’espace public puisque, par nature, cette religion à vocation à régir tant la sphère
publique que la vie privée ?
Quoi de mieux pour cela que de bâillonner les milieux chrétiens par une faveur qui leur semblerait ainsi
accordée en priorité.
Cette ruse suprême du juge en dernier ressort de l’Administration française permettrait aussi de faire
taire les milieux attachés au respect de la laïcité, puisque il s’agirait d’accueillir ces crèches de Noël dans les mairies ou autres lieux publics au nom d’une sensibilité et d’une tradition
culturelles et non pas cultuelles.
Subtile et bien fragile distinction, guère éloignée d’une forme de
perversité sémantique. Car comment ne pas favoriser ainsi une inévitable confusion entre cette magnifique tradition des Chrétiens à Noël et l’envahissement religieux de l’espace
public ?
Mais si c’était justement cette confusion que recherchait le
rapporteur du Conseil d’Etat et ceux qui, aux plus hauts sommets de l’Etat cherchent à ouvrir, au nom de l’idéologie du multiculturalisme, l’espace et les bâtiments publics aux pratiques,
traditions et lois religieuses et surtout à celle qui, des plus militantes et revendicatives, se considère comme supérieure aux autres : la religion musulmane.
Le Conseil d’Etat ferait là un mauvais calcul s’il pensait, en
suivant ainsi son rapporteur, favoriser l’intégration des Musulmans. Au contraire, il renforcerait leur sentiment d’être une population à part lorsque l’on sait, comme l’a montré la récente
étude de l’Institut Montaigne, qu’une majorité d’entre eux souhaitent vivre en France sous le régime de la loi musulmane (la charia), ou du moins de certaines de ses dispositions, et non pas
sous celui de la loi de la République.
On voit bien le danger que cet arrêt à venir du Conseil d’Etat sur
les crèches de Noël représente pour notre modèle, unique au monde, de laïcité à la française, gage de paix religieuse, où l’espace public demeure neutre, et où les communautés religieuses
affichent et pratiquent leur foi, essentiellement à l’intérieur des églises, monastères, temples et mosquées.
Je reste donc sur la vision que je me suis forgé depuis mon enfance :
la belle crèche de Noël à l’église et à la maison et le buste de Marianne à la mairie.
La République française, laïque, doit impérativement continuer à
garantir la neutralité de l’espace public, au nom d’un vivre ensemble, non pas inspiré du désastreux communautarisme anglo-saxon ou moyen-oriental, mais au nom d'un vivre-ensemble moderne et
tourné vers l’avenir du XXIème siècle.
Marcel GIRARDIN
Conseiller municipal
C’est également le sens de mon combat au sein de la mairie de Voglans pour faire
respecter les principes de laïcité et de neutralité par le service public de la cantine municipale. Vous pouvez consulter le dossier en cliquant sur le lien suivant : "http://www.lebulletinvoglanais.fr/défendre-la-laïcite-à-la-française-à-voglans-comme-ailleurs/"
Dans un article du 18 novembre 2016, du journal Marianne, puis mis en ligne le 20 novembre 2016, Eric CONAN confirme la justesse de ma thèse.
Le Conseil d'Etat et les ravis de la crèche
Dimanche 20 Novembre 2016 à 9:00
Les juges se moquent d'eux et ils sont contents. Les élus catholiques qui ont
obtenu l'autorisation d'installer des crèches dans les mairies sont tombés dans un double piège. D'abord, accepter de reléguer la Nativité au rang de «symbole festif et folklorique» : la foi chrétienne assimilée au paganisme du Père Noël, du sapin et de la bûche ! Ensuite,
faciliter la politique du Conseil d'Etat qui n'a de cesse, depuis trente ans,
de vider la laïcité de son sens au profit du multiculturalisme.
La question des crèches ne posait aucun problème en droit. La loi de 1905 est limpide : son article 28 interdit «tout
signe ou emblème religieux sur les monuments publics». La jurisprudence a appliqué cette règle pendant un siècle. Et après une enquête auprès de ses 36.000 membres,
l'Association des maires de France a rappelé l'année dernière que l'installation de crèches dans les mairies «n'est pas compatible avec la laïcité et la neutralité du
service public». Elle ajoutait regretter que l'activisme des juges aboutisse à des jurisprudences contradictoires «nuisant à la compréhension de la règle par
les élus et par les citoyens»
Le Conseil d'Etat cherche à détruire une vraie tradition laïque avec l'aide d'idiots utiles qui inventent une fausse
tradition chrétienne. La floraison des crèches en mairie est récente. Celle de Béziers correspond à l'élection de Robert Ménard. Celle de Montiers,
dans l'Oise, remonte à 2008. Une des plus anciennes, à La Roche-sur-Yon, en terre vendéenne, date de 1989, année où Lionel Jospin cède face au
voile à l'école. Ces installations religieuses dans des bâtiments publics ne sont pas tradition mais réaction : voyant des élus clientélistes
multiplier les fêtes musulmanes dans leurs mairies, des militants catholiques ont cru bon d'exiger les mêmes atteintes à la
laïcité.
Un réflexe militant galvaudant la Nativité, cœur du christianisme : Dieu fait homme. Et d'abord petit enfant sur
la paille. Il n'y a que deux endroits adéquats pour la crèche : les foyers et les paroisses. Ceux qui veulent la voir feraient mieux de remplir
ces églises ouvertes à tous mais qui se vident et que des imams proposent de transformer en mosquées. Et ils devraient se souvenir que l'Eglise
a longtemps lutté pour distinguer le Noël religieux du Noël païen, survivance des fêtes saturnales du solstice d'hiver récupérées par le
consumérisme. En 1951 encore, à Dijon - dont le maire était le chanoine Kir -, un Père Noël était brûlé aux grilles de la cathédrale devant les
enfants du patronage tandis qu'une fête en son honneur était organisée à l'hôtel de ville...
Alors que l'Eglise, non consultée, ne le réclame pas, l'accueil au nom du «culturel» d'un symbole cultuel
catholique dans des bâtiments publics sert au Conseil d'Etat à valider les atteintes à la loi de 1905 qu'il approuve de plus en plus au profit
de l'islam, au nom d'un multiculturalisme dont il est un des principaux vecteurs en France. Le Conseil d'Etat a accepté la polygamie en 1980,
avant que Charles Pasqua ne l'interdise par une loi en 1993. Il a autorisé le voile à l'école, dans un avis au gouvernement en 1989, mais
surtout en assumant de transformer les principes de la laïcité pour en faire le cadre de l'expression religieuse dans un arrêt de 1992
désavouant Ali Boumahdi, principal du collège Jean-Jaurès de Montfermeil, qui avait exclu trois jeunes filles voilées intimidant leurs
camarades. Le Conseil d'Etat s'est opposé à la loi de 2004 prohibant les signes religieux à l'école tout comme à la loi de 2010 interdisant la
burqa.
Dans ces deux cas où le gouvernement et le législateur ont fini par assumer leurs responsabilités, le
Conseil constitutionnel les a approuvés en désavouant le Conseil d'Etat. Mais ce dernier persiste. Il organise en 2011 une conférence
de presse pour annoncer plusieurs arrêts de jurisprudence contraires à la loi de 1905 en autorisant le financement public de lieux de culte au
nom du «culturel» et, encore plus fort, le financement public d'abattoirs rituels dont l'existence constitue déjà une dérogation aux règles
française et européenne. En 2013, il revient sur la circulaire Châtel de 2012 approuvée par Vincent Peillon interdisant le voile aux
accompagnatrices de sorties scolaires. Cette fois-ci, le débat sur les crèches a fortement divisé les juges, une partie d'entre eux estimant
que leurs collègues dépassaient les bornes en écrivant noir sur blanc que voir dans une crèche «la représentation figurative d'une
scène fondatrice de la religion chrétienne» constituait une «erreur de droit» !
En obtenant du Conseil d'Etat de christianiser les bâtiments de la République et en concourant ainsi à son
activisme multiculturaliste, les militants catholiques font preuve de grande naïveté. Ils ne voient pas que la laïcité traditionnelle,
arrangement public au sein d'une société de culture chrétienne, protégeait plus le catholicisme que cette laïcité d'accommodement à un islam
sûr de lui et dominateur. Il est étrange qu'un militant aussi averti que Philippe de Villiers, promoteur des crèches dans les mairies de
Vendée, manque à ce point de sens politique en se réjouissant d'une décision qui ne les a pas autorisées pour «affirmer les racines
chrétiennes de la France», comme lui le réclame, mais pour le droit de toutes les religions à réinvestir tous les espaces protégés, de
l'école aux services publics. L'enthousiasme de Tariq Ramadan aurait dû l'alerter. Que dira Philippe de Villiers quand on lui demandera, en
vertu du principe de non-discrimination, d'installer à côté du petit Jésus la figurine musulmane de l'archange Gabriel, messager d'un Coran qui
considère le Christ comme un prophète d'Allah n'ayant jamais été crucifié, au contraire de ce que racontent les Evangiles mensongers des
«falsificateurs» ?